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L’évolution de la nouvelle jeunesse allemande – 1924

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L’évolution de la nouvelle jeunesse allemande – 1924
Freideutscher Jugendtag 1913 Hohen Meisner_bis

Les Freideutsche (Libres Allemands)

Un des groupes les plus nombreux, qui se détacha le premier du Wandervogel, fut celui des Freideutsche. Il se recrute surtout parmi ceux qui ont passé la première jeunesse et qui désirent approfondir les problèmes spirituels et les adapter à la vie pratique. Le mouvement se manifestait déjà quelques années avant la guerre. Il fut fortement influencé par le mouvement réformiste de Hambourg nommé Vortrupp (Avant-garde), dirigé par le lieutenant de vaisseau Hans Paasche (massacré, en 1920, par les réactionnaires, qui redoutaient son influence grandissante) et par l’écrivain Popert, auteur du célèbre livre, Helmuth Harringa, qui démontre, d’une façon émouvante, les néfastes conséquences de l’alcoolisme. Ce livre eut une influence décisive sur la lutte de la nouvelle jeunesse contre le culte funeste des mœurs de beuveries dont la vogue est si grande en Allemagne.

Hans Paasche
Hans Paasche

Les Freideutsche aussi luttent contre le matérialisme et aspirent à une nouvelle culture, basée sur la sobriété, la sincérité et la fraternité. Selon eux, le chaos de la société moderne provient surtout de l’absence d’une idée dirigeante qui rattache la vie matérielle aux nécessités de la vie spirituelle. C’est sur l’éducation qu’ils comptent pour trouver la solution de ce problème. A cet effet, ils organisèrent déjà avant la guerre, en accord avec des groupes de parents et de pédagogues réformistes, des colonies scolaires, connues sous le nom de Landerziehungsheime.

Ces colonies comptent uniquement sur l’autoéducation et renoncent à toute contrainte. La coopération intense des parents, des instituteurs et des jeunes eux-mêmes les caractérisent. Depuis la guerre, les Freideutsche ont également créé de ces communautés pour les petits enfants et, en outre, des communautés professionnelles (Ghildes), et des colonies fondées sur le même principe, et qui groupent des hommes de tous les âges. Cette vie en commun doit rendre l’homme capable de mieux comprendre sa tâche de citoyen dans la grande communauté humaine.

D’autres groupes de Freideutsche se mêlent à des milieux contraires à leurs idées pour élargir leur champ d’activité. Les Freideutsche comptent aussi parmi leurs adhérents toutes les confessions et toutes les convictions politiques, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite. Ils n’admettent pas de préjugés sociaux, étant persuadés que toutes les classes doivent coopérer de leur mieux au progrès social et spirituel, et que la société a le devoir de donner la possibilité à chacun de développer tous ses talents, afin de produire autant de forces créatrices que possible. La nation est, pour eux, un ensemble pour lequel chacun doit se dévouer. Mais ce dévouement n’implique en aucune façon le mépris des autres peuples. Au contraire, la nation n’est que l’étape qui mène vers l’universalité, vers l’internationalisme.

En 1913, les Freideutsche tinrent leur première grande réunion sur le Hohe Meissner, groupe de collines, près de Cassel, dans le centre de l’Allemagne. Environ 2000 jeunes accoururent de toutes les parties de l’Allemagne, pour y prendre part. Cette manifestation fut une protestation très énergique contre l’idolâtrie patriotique, qui toucha au comble lors de la fête du centenaire. Le dégoût des grands mots, du culte des parades et du militarisme des Hohenzollern, de toute cette société agonisant sous le mensonge et sous la somptuosité, persuada la nouvelle jeunesse de l’impérieuse nécessité de créer les bases pour une nouvelle, pour une meilleure Allemagne. Un « état des Jeunes » (Jugendstaat), aspirant à devenir un véritable « état populaire », dans lequel les procédés arrivistes, matérialistes et hypocrites des partis politiques ne pourraient plus envenimer les relations sociales et détenir le pouvoir absolu, tel fut la grande idée qui animait les jeunes au Hohe Meissner. Leur formule fut : concentrer toutes les forces pour atteindre ce but.

Freideutscher Jugendtag 1913
Freideutscher Jugendtag 1913

Ces bonnes volontés furent paralysées par le grand massacre. Le mot d’ordre nationaliste adroitement propagé : « L’ennemi nous est tombé dessus », emporta aussi les Freideutsche, qui accoururent avec tout l’enthousiasme de la jeunesse, désireuse de se dévouer à une grande cause. Mais cet élan ne fut pas de longue durée. La corruption de la vie guerrière, la brutalité du militarisme prussien dans tous les pays envahis, le mauvais traitement infligé au simple soldat eurent bientôt écœuré la nouvelle jeunesse. Les Freideutsche qui, pendant la guerre, devinrent en grand nombre officiers, profitèrent de cette occasion pour connaître à fond les simples soldats avec lesquels ils fraternisèrent dans les tranchées. Ils prouvèrent par leur exemple que le supérieur peut très bien être le camarade de l’homme du peuple, sans que la discipline en souffre, dès lors que cette discipline est fondée sur un profond sentiment moral. Sous ce point de vue, l’expérience de la guerre fut très importante pour les jeunes.

Plus la guerre dura, plus l’idéal humanitaire et pacifiste s’approfondit chez ces jeunes. En 1917, en pleine guerre, ils convoquèrent une réunion de Freideutsche pour se concerter sur un plan d’activité. Tous ceux qui purent se libérer du service accoururent. La réunion flétrit à l’unanimité le meurtre organisé qu’est la guerre, le plus grand fléau de l’humanité. Elle prêta serment de rassembler aussitôt que possible toutes les forces d’action pour vaincre l’esprit guerrier. Comme moyens les plus efficaces pour désarmer les haines, l’assemblée signala : la réforme de l’éducation, l’organisation de communautés de jeunes basées sur la fraternité, et la propagande populaire par des tracts, conférences, etc.

Pendant les années d’après-guerre, le chaos moral universel gagna aussi la jeunesse. Malgré cela, quelques directives nettes s’affirmèrent dans les milieux de jeunes. On peut les résumer en peu de mots : il n’existe pas de sort aveugle ; tous les maux proviennent de nos propres fautes individuelles et sociales ; il faut purifier nos âmes, en nous débarrassant des procédés matérialistes et brutaux d’antan. Les réparations librement offertes doivent devenir notre épreuve expiatoire. La détresse morale, dans laquelle nous nous débattons, ne pourra être surmontée que par l’entraide national et international.

Ce qu’il y a d’intéressant dans tout ce mouvement des jeunes, c’est qu’il est profondément fédéraliste et opposé à tout centralisme aussi bien de politique que de culture. Le fédéralisme est la meilleure garantie de cohésion pour les groupes à intérêts si variés, tant au point de vue social que confessionnel. Grâce à lui, les divers groupements restent toujours en relation intime et se réunissent chaque fois qu’il s’agit de manifester en faveur de questions primordiales, telles que la lutte contre la violence, pour l’abstinence, pour la réforme éducative, etc. L’esprit centraliste et autoritaire de l’ancien régime, qui disloqua le Reich, est devenu une fameuse leçon pour les jeunes. En se vouant instinctivement au fédéralisme, la jeunesse se rattache aux meilleures traditions de la vieille Allemagne. Il faut espérer que ces procédés des jeunes se manifesteront aussi à l’avenir dans la politique de l’Allemagne. Les jeunes, avec un « flair » remarquable, sentent que, dans le fédéralisme, réside la meilleure garantie de paix intérieure et extérieure, persuadés qu’ils sont que le fédéralisme germanique aidera beaucoup à réaliser les Etats-Unis de l’Europe.

Freideutscher Jugendtag 1913 Hohen MeisnerL’effort le plus intense des Freideutsche, depuis la guerre, s’est appliqué à l’organisation de cours populaires (Volkshochschulen), qui ont été créés dans toutes les parties du pays, surtout dans les villes universitaires. Ils sont souvent combinés avec des colonies rurales qui réunissent, pour quelques mois, un certain nombre de travailleurs. Une partie de leur temps est consacré au développement spirituel, et l’autre partie à l’entretien de la colonie ; grâce à la main-d’œuvre des colons, ces colonies peuvent se suffire à elles-mêmes matériellement et assurer pour un prix fort modeste, l’existence des colons. La vie en commun, qui se développe dans ces centres et qui est inspirée de l’esprit de collaboration, a une forte influence morale sur tous ceux qui y prennent part. Les cours mêmes, qui ont le caractère de discussions, traitent les problèmes que les colons proposent. Il est important de constater que les questions religieuses, morales et sociales y tiennent la plus grande place. Il y a peu d’années encore que, dans les milieux ouvriers, les questions purement économiques figuraient au premier plan. Le revirement moral contre le matérialisme s’avère, par contre-coup, dans les basses classes. L’évolution vers la vie spirituelle en Allemagne devient de plus en plus générale.

Le centre spirituel des Freideutsche est la colonie Klappbolzthal, dans l’île de Sylt (mer du Nord). Là, ils se réunissent en petits groupes pour échanger leurs idées et leurs plans d’avenir. Ils y ont aussi installé un home pour des enfants pauvres, qui ont besoin de fortifier leur santé.

Les problèmes politiques qui intéressent le plus les Freideutsche sont le communisme et le socialisme. L’idéalisme de la jeunesse incline fort vers le communisme tolstoïen ; d’autre part, la doctrine de Moscou a aussi trouvé un certain nombre d’adhérents, qui ont essayé de gagner la nouvelle jeunesse à la politique de violence. Mais les Freideutsche lui ont toujours opposé une résistance énergique, dans leur conviction qu’on ne peut combattre la société capitaliste par la violence, qu’elle pratique elle-même. Le monde meilleur ne peut se développer que grâce à des procédés fraternels. Quant au socialisme inspiré des théories marxistes n’envisageant que des solutions économiques pour régénérer la société, la nouvelle jeunesse est convaincue que les relations si délicates et si compliquées entre les classes et les individus ne peuvent être réglées par lui. Il faut tâcher de comprendre l’adversaire, de lui rendre justice et de le traiter en frère. Voilà la base spirituelle d’une nouvelle société.

Adolf Damaschke - BodenreformOn s’occupe aussi beaucoup, chez les Freideutsche, du problème de la Bodenreform. Il s’agit là non seulement du morcellement des grandes propriétés foncières, on veut aussi en finir avec la spéculation sur les terrains dans les villes et aux environs des villes. Cette spéculation, en effet, rend impossible l’assainissement des logements, qui contribue si puissamment au redressement de la moralité populaire. Le protagoniste de ce mouvement est Adolf Damaschke, qui a dressé des plans pour la colonisation intérieure, — plans qui assurent, sur ce point, une saine évolution.

Le pacifisme des « sociétés de paix » a été sévèrement critiqué par les Freideutsche et par toute la nouvelle jeunesse. Elle le trouve, à juste raison, trop théorique, et trop peu pratique. En effet, ce pacifisme juridique et politique, qui se consume à formuler des traités et à convoquer des conférences innombrables, ne peut guère suffire à la jeunesse. Le manque d’élan spirituel et fraternel de ce travail théorique répugne à la jeunesse. Pour elle, le pacifisme est devenu une foi qui pénètre l’intimité de l’être, et qui doit préparer au sacrifice le plus dur. Ce pacifisme doit se manifester quotidiennement par des actes fraternels. Le Congrès de Fribourg, ainsi que toutes les réunions internationales des jeunes qui eurent lieu ces derniers temps, ont démontré que ce pacifisme religieux est si profond et si fort qu’il sait triompher des situations politiques les plus tendues.

En août dernier, la détresse générale provoqua, chez les Freideutsche et dans beaucoup d’autres groupes, le désir de se concerter à nouveau sur le Hohe Meissner. La devise de cette réunion fut : « L’Allemagne doit faire la preuve, qu’elle veut vouer ses forces à un travail productif et à la réconciliation des peuples. » Beaucoup de jeunes amis de l’étranger prirent part à cette réunion. Le pasteur Hermann Schafft, de Cassel, fut le leader choisi par l’assemblée, qui renversa tout le programme dressé par les dirigeants. Schafft insuffla son limpide spiritualisme et son élan religieux à tous les camarades. Dans sa harangue d’inauguration, il déclara : « N’oublions jamais que l’homme fait partie de l’univers. Toute notre vie doit être inspirée par cette conception de l’universalité. L’Etat et surtout la religion se doivent d’approfondir cette idée. » Un autre leader, salué avec le même enthousiasme, fut le protagoniste courageux des écoles nouvelles de Hambourg, Lamszus, qui avait attiré l’attention générale, avant la guerre déjà, par son célèbre livre contre la guerre Menschenschlachthaus (l’abattoir humain). Lamszus fit un rapport sur les questions d’éducation.

La discussion sur les devoirs des jeunes en cas de guerre civile fut longue et sérieuse. On décida à l’unanimité de refuser tout service militaire, de faire son possible pour désarmer les haines et de porter secours à tous ceux qui souffrent par la guerre civile, surtout aux prisonniers. On se refusa à tout travail politique dans les partis, car ceux-ci sont tous partisans de la violence. Pour contrecarrer la propagande haineuse qui avait pris prétexte de l’invasion de la Ruhr, les jeunes proposèrent de s’enrôler encore davantage dans les œuvres de secours pour les expulsés, et d’inspirer ce travail de l’esprit fraternel.

Le chef de la Ligue mondiale des jeunes proposa une collaboration franco-germanique pour traiter les questions urgentes, à fond. Erich Mohr fit un rapport sur les travaux préliminaires à Nyborg, Hellerau et Fribourg. Toutes ces rencontres furent fortement influencées par l’esprit « Quaker ». Les camarades allemands prêtèrent le serment, pour eux-mêmes et au nom de leurs amis absents, de ne plus jamais prendre les armes contre leurs voisins et de se laisser guider par l’idée supranationale du Sermon sur la Montagne. Un camarade de la Ruhr déclara que lui et ses amis ont déjà affirmé cette volonté, qui est la leur, aux troupes d’occupation. D’autre part, il fut décidé que les jeunes amis de France passeront un certain temps dans les centres d’activité des camarades allemands et seront aussi invités à faire des stages dans les nouvelles écoles.

La Ligue de la jeunesse mondiale présenta enfin le manifeste suivant qui fut vivement acclamé : « Nous autres, jeunes, nous voulons combattre la misère mondiale dont nous sommes tous responsables. » Un groupe franco-allemand se constitua qui, pénétré de ce sentiment de profonde responsabilité, veut essayer de frayer un chemin à travers le chaos européen pour préparer l’avènement de la collaboration universelle.[1]

Dans ce résumé, il est impossible de caractériser les opinions divergentes et les luttes qu’on soutint au Hohe Meissner. Les séances furent, par moments, fort chaotiques, vrai symbole de l’Europe actuelle. Beaucoup d’assistants avaient le sentiment qu’on aurait pu faire davantage encore de bon travail. Mais la critique, qui ne manqua pas, fut d’une absolue sincérité. Cette sincérité envers soi-même et le travail des différents groupes est une des meilleures garanties pour le développement futur du mouvement.

 

LILLI JANNASCH. La démocratie (Issy-les-Moulineaux), 25 janvier 1924 pages 359-365

 

[1] La Ligue mondiale des jeunes proposa, d’autre part, que la jeunesse allemande prenne une part active au Sacrifice de la Réconciliation et que tous ceux qui ne peuvent pas aller reconstruire dans la zone dévastée s’engagent à organiser des quêtes pour le Sacrifice. Cette proposition fut acceptée avec un enthousiasme général.

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