Veillée d’auberges avec Marc Sangnier et Léo Lagrange

La grande fête organisée à Magic-City, le vendredi 6 mai, par les Usagers de la L.F.A.J. de la région parisienne fut un véritable succès.

Conçue et réalisée uniquement par ceux qui mènent la vie et créent l’atmosphère joyeuse des Auberges, cette « Veillée » magnifique porte bien témoignage de l’enthousiasme constructif, de la franche camaraderie et des espoirs de toute cette jeunesse ardente à qui appartient l’avenir.

« Notre ministre », Léo Lagrange, ancien sous-secrétaire d’Etat aux Sports et Loisirs, et Marc Sangnier, président de la Ligue française pour les Auberges de la Jeunesse, avaient été priés de présider la fête. Chacun d’eux, acclamé par une salle vibrante de jeunesse et de gaîté, devait saluer, au cours de la soirée, et féliciter chaleureusement tous ceux dont le succès couronnait si justement, ce soir-là, les efforts et le mérite. Tous deux, aussi, ne pouvaient manquer de rappeler une fois encore l’esprit des Auberges et leur rayonnement salutaire pour l’œuvre tout à la fois d’organisation des loisirs et de rapprochement social et international de la nouvelle jeunesse du monde : ils le firent avec l’éloquence du cœur.

Autour d’eux, d’autres aînés, invités aussi de cette « Veillée d’Auberge » : Mme Léo Lagrange, Mme Grunebaum-Ballin, secrétaire générale du C. L. A. J., le président Paul Grunebaum-Ballin, Guy Menant, Paul Lizé, vice-présidents de la L. F. A. J., Pierre Collet, Raymond Magne, du Comité Central, beaucoup d’autres encore…

jeunes randonneurs préparent le repas

Retenu loin de Paris, Paul-Emile Victor, le jeune et vaillant explorateur du Groenland, avait tenu à adresser à ses camarades des Auberges un télégramme de chaude sympathie…

De la joie sur tous les visages, de l’entrain, de la cordialité entre tous. Quelle belle soirée, en vérité !

« La salle, écrivait le lendemain le rédacteur de Paris-Midi, c’était la jeunesse des routes et des bols, des neiges et de l’eau, c’est-à-dire une profusion de tyroliens — et de coiffures moins définissables — de foulards de toutes nuances, de chemises de toutes coupes, de vestes de tous poils, de chaussons de tous formats, de l’espadrille au cloutage d’escalade, de shorts et de pantalons de ski. Gratiné en somme. La salle, c’était aussi, au centre, les familles ; un peu émues et un peu épatées, qui regardaient pousser les petits. Car ils étaient fameux, les petits. Que de promesses, dans cette salle et sur cette scène !…

« Il faudrait les nommer tous, mais comment faire ? On connaît déjà la Chorale du Ski-Club ; les Comédiens des Auberges sont de bons élèves des Comédiens Routiers ; la Chorale — de la Ligue pour les Auberges de la Jeunesse est la fraîcheur même ; les jeunes Chanteurs de la Liberté sont tout simplement excellents et admirablement conduits par Paul Arma… Mais je voudrais surtout parler des révélations, et il y en eut beaucoup.

« C’en est une que les harmonicas de Rudi et de son groupe, installant de plain-pied tout un dancing dans le rêve et la nostalgie des nuits libres. L’émotion était là, celle des refuges austères d’altitude et celle des tentes frêles dans les prés trempés de rosée ; les nuits d’amitié, les belles nuits dans ces lèvres frémissantes.

jeunes randonneurs avec guitare et violon

Et les voix parfaites dos “Quatre compagnons de route”. Charme de Claire Fontaine, cocasserie d’Adèle : triomphe partout.

“Et l’impromptu de Barbe-Bleue, farce admirable d’entrain, d’humour, de couleur, de mise en scène, chef-d’œuvre fait avec quatre fois rien, dialogue éblouissant — un ensemble si parfaitement réussi qu’on lui voudrait les plus brillantes destinées en tremblant de le profaner.

“Arthur, enfin, un ‘amateur’ authentique, mais qui tient les planches vingt-cinq minutes sous des rafales de rires. Arthur, qui a monté pour ses camarades de la route un numéro ahurissant de rire et de sens comique, et qui serait bien étonné d’apprendre qu’il est un grand artiste.”

À quelle magnifique “Veillée”, oui, vous nous avez conviés, l’autre soir, Jeunesse des Auberges ! Et comme nous voudrions que vous nous sentiez de cœur avec vous dans toutes ces manifestations saines et réjouissantes de la vie des Auberges !

Grâce à Marc Sangnier qui lança l’idée et fonda sur la terre de France la première Auberge de la Jeunesse, notre Épi d’Or de Bierville, grâce à Léo Lagrange, qui restera pour nous l’incomparable “Ministre des Auberges”, grâce aussi à l’activité des mouvements amis, elles se sont multipliées à travers les provinces françaises, aux sommets des montagnes, dans la fraîcheur des forêts, sur les bords de la mer, spacieuses ou modestes, confortables ou simples abris, mais toutes accueillantes, les Auberges de la Jeunesses.

À vous, jeunes usagers dont nous aimons les chants et les rires, de les animer toujours du même esprit fraternel, d’en chasser le souffle impur de la méchanceté des hommes, de tous les sectarismes et de la haine.

Grâce à vous, cette fois, les Auberges de la Jeunesse resteront des foyers de vie libre et pure, dans le respect mutuel et dans l’amitié qui fortifie. Vous préparerez alors réellement, pour la nouvelle jeunesse du monde une âme neuve, des lendemains meilleurs.

HENRI CHRISTOPHE, L’éveil du peuple, 15 mai 1938

1938-05-15_L'Éveil des peuples_Veillée d'auberge
1938-05-15_L’Éveil des peuples_Veillée d’auberge

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