…L’Allemagne, au dernier siècle, fut le témoin d’un grand événement : son ascension comme pays. Son peuple s’augmentait ; son pavillon flottait sur toutes les mers. Son industrie et son commerce étendaient de plus en plus leur domaine. Un temps de grande gloire et de grand éclat semblait s’ouvrir. Mais c’était un progrès purement matériel : l’esprit et l’âme au lieu d’en être les conducteurs et les souverains en furent chassés. L’esprit et l’âme des hommes furent menacés par ce progrès matériel d’une manière inouïe. Les derniers restes du passé chrétien se dissolvèrent, le « moi » fut mis en avant dans toutes les relations, dans le commerce, dans l’art, dans la science. La dissolution prit en même temps des proportions gigantesques : le monde entier sembla ouvert aux hommes…
Quelques-uns s’élevèrent contre cet ordre de choses, Paul de Langarde et le Rembrandtdeutschen, pour ne citer qu’eux : leur voix ne fut pas entendue ; et bien peu nombreux étaient ceux qui reconnaissaient la menace dans toute, son étendue. Il fallait, pour accepter et continuer la bataille une nouvelle génération qui n’ait pas subi l’emprise intellectuelle de la génération de 1870.
En 1897, l’étudiant Karl Fischer fondait à Steglitz, près de Berlin, un groupe de lycéens qui faisaient, le dimanche et pendant les grandes vacances, des excursions à travers le pays. Cela commença à soustraire un grand nombre de jeunes gens à maints usages des villes et de la civilisation ; car la vie libre, dans les bois ou ailleurs, exigeait bien des transformations dans la manière de vivre, de s’habiller; dans les rapports. Ce fut le point de départ inconscient d’une puissante révolution dans l’esprit de la jeunesse allemande. Ce que nous ne désignons aujourd’hui pas « mouvement de la jeunesse », fut donc primitivement une manière d’être différente, avant de devenir une manière d’être opposée à celle, de la maison, de l’école, de l’église…
Qu’est-ce donc que le « mouvement de la jeunesse » ? On peut faire plusieurs réponses mais qui toutes ne donneront qu’une partie de la vérité. On peut le résumer en une seule phrase : « C’est la négation de toute vie qui n’est pas basée sur la loi de nature. »
Le « mouvement de la jeunesse » est d’abord un retour vers la nature, une fuite des grandes villes. L’excursion, le voyage, rendent à l’homme des villes les forces primitives dont il est déshabitué. Le « mouvement de la jeunesse » est la négation de tous les préjugés et de toutes les conventions traditionnelles, un mouvement parti de la jeunesse des grandes villes contre l’épuisement de sa vie, contre la mentalité morose et creuse que l’on trouve assez souvent dans les familles, les écoles et les professions d’aujourd’hui.
Le « mouvement de la jeunesse » est la volonté ferme de se créer une vie pure et noble, poussée par le sentiment naturel de l’homme revivant dans la nature, l’amour de la vérité absolue, sans compromis.
Le « mouvement de la jeunesse » est le sentiment d’une âme commune, d’une vie fraternelle entre tous les hommes.
Le « mouvement de la jeunesse » est un amour nouveau pour son peuple, son pays natal et l’humanité, mais un amour éclairé, voyant bien et clairement ce qu’il faut pour le vrai bonheur de son pays et la paix entre les nations.
KURT Dobler.
(A suivre.)
Le Volontaire de la Paix, le 22 Juin 1930.
Bonjour , je crois qu’il y a, dans le texte une erreur sur la date de fondation du groupe de lycéens de Berlin, elle de 1897 et non de 1807.
Fraternelles salutations
Merci beaucoup