CONTE DE NOËL – 1937

Les Routiers Scouts multiplient les Noëls routiers ; voici le récit de l’un d’eux qui, s’il ne donne pas les détails de la réalisation, laisse percevoir le bien qu’il en résulte.

Il y avait au pays de Comté, sut la pente d’une colline, un village sans curé qui, depuis des années, n’avait pas eu de messe de minuit. En l’an de grâce 1937, les villageois s’apprêtaient, comme les ans précédents, à fêter la naissance du Sauveur presque à la manière des pays païens, dans des veillées joyeuses, mais dépourvues de la plus grande des liesses de Noël, qui est la venue de l’Enfant Jésus. Et dans son presbytère, à plusieurs lieues de là, un excellent curé, chargé de cette paroisse, moult marri, songeait tristement : « Hélas !… Que faire ? Je ne puis assurer le service divin à la fois dans toutes les églises que le bon Dieu m’a confiées… El la foi s’en va ! Mes gens vont réveillonner et danser cette nuit… Hélas !… »

Or, ô miracle !… Dans ce village perché au flanc de la colline, au soir du 24 décembre, une troupe de jouvenceaux fort alertes, décidés et joyeux, arrivèrent. Tous avaient le sourire, ils étaient rayonnants, ils chantaient et ils annonçaient à tout venant une bonne nouvelle : « En cette nuit, braves gens, ce sera Noël chez vous, et il y aura une belle messe de minuit ! » Et tout le peuple de s’affairer, l’église de re vêtir sa plus belle parure, et les langues d’aller leur train : « On dit que… — Chut ! — Non, c’est impossible !. . — Si, c’est vrai… » Or, foi de montagnard, on ne vit oncques en chrétienté plus joyeux Noël. Au mitan de la nuit de la Nativité, les cloches sonnèrent un gai carillon ; dans l’église tout illuminée, les villageois se pressent, dans l’air résonnent les dévots cantiques de Noël et, à l’autel, ô prodige !. . Mgr l’évêque, comme en sa cathédrale, célèbre le divin Sacrifice ; et l’Évangile ayant été chanté, se tourne vers son troupeau et profère une benoîte homélie : « Christus natus est !… Noël ! Noël ! »

Non, ami lecteur, ceci n’est pas un conte de Noël. Ce joli trait s’est passé en la dernière nuit de Noël, à ChâtilIon-le-Duc. Un Noël routier fut organisé par le clan de Besançon. Tout le village y participa, et la joyeuse veillée fut effectivement présidée par Mgr Dubourg, qui décida à l’improviste d’abandonner sa chapelle archiépiscopale et d’aller dire sa messe dans un e village de son diocèse. On devine la surprise et la joie de la population. M. le maire exprima délicatement la reconnaissance de tous. Ce fut un joyeux Noël pour les habitants du village ; ce fut un joyeux Noël pour le cher curé de Devecey ; ce fut un joyeux Noël pois Monseigneur, heureux de desservir une des paroisses de son diocèse, tout bonnement, sans apparat, plus près, en cette nuit de Noël, de son clergé rural, plus près de son peuple et plus près de l’Enfant de Bethléem !…

De la Semaine religieuse de Besançon, 30 décembre 1937. La Croix

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