Les chalets « Jeunesse et Montagne »

Petites taches brunes ou grises jetées dans le vert des alpages, les chalets prennent si parfaitement leur place au flanc des montagnes ou tout au fond des vallées que de loin l’œil ne les distingue qu’avec l’envie de mieux les détailler. Chaque contrée garde son type d’habitation propre qui s’y intègre aussi naturellement que la silhouette hardie des sommets qui la dominent. Balcons ajoutés des chalets savoyards, terrasses couvertes du Queyras, rudes toits de caillasse et d’ardoise de l’Oisans, sont les témoins muets de l’effort de l’homme pour s’identifier avec sa contrée, pour s’enraciner dans son horizon de tous les jours.

En Dévoluy et dans le Beaufortain, deux groupements entreprirent dès leur arrivée la construction de nouvelles habitations. Ce fut une expérience intéressante qui permit de déterminer les volumes, les surfaces et la distribution nécessaires à la vie d’une équipe. La maison n’est pas seulement le refuge anonyme où l’on vient pour dormir, manger et s’abriter, mais elle doit joindre au confort matériel qu’on y trouve l’ambiance propre aux activités et aux aspirations des habitants. Elle doit permettre le développement harmonieux et complet des individus qui y logent. L’enthousiasme et la ferveur d’une communauté de jeunes ne peuvent être satisfaits d’un domicile impersonnel dans lequel le goût plus ou moins sûr de chacun cherche par un décor intérieur artificiel à suppléer à l’insuffisance des aménagements.

Les chalets de Jeunesse et Montagne
Les chalets de Jeunesse et Montagne

Communauté vivante qui vient chercher pendant huit mois les rudes enseignements de la montagne, les jeunes qui accomplissent leurs stages ne sont pas des touristes qu’une impersonnelle chambre d’hôtel satisfait.

Nouveaux pionniers de la montagne, leur préoccupation première est leur propre habitat. C’est dans les chalets construits de leurs mains que s’expriment les tendances et les aspirations de cette vie d’équipe basée sur la confiance mutuelle et l’idéal commun.

Le plan des constructions « Jeunesse et Montagne » qui doivent être réalisées pendant la saison 1942, est considérable : neuf chalets nouveaux en Dauphiné, sept en Savoie et dix-huit dans les Pyrénées.

D’autre part quarante habitations en bois, réalisables avec des éléments préfabriqués et étudiés spécialement pour résister aux conditions d’altitude, seront montés ainsi qu’une centaine de constructions légères, abris provisoires pendant les travaux.

Enfin les chalets refuges du Plan et du col de Bresson, susceptibles de loger une soixantaine de skieurs, marqueront les premières réalisations du jalonnement des Alpes par de confortables refuges.

Sous la direction de quelques techniciens, les jeunes se préparent dans la joie à tous ces grands travaux. Bientôt ils prendront possession des vallées où ils laisseront la marque tangible de leur séjour.

Les équipes se renouvellent mais poursuivent les mêmes buts. Elles construisent des dortoirs, des ateliers, des salles communes avec leurs grandes cheminées autour desquelles plus tard d’autres se réuniront avec leurs chefs pour étudier quelques points de technique ou chanter leurs espoirs.

Les villages perdus des hautes vallées retrouveront de nouveaux toits sur leurs murs menacés. A nouveau des flammes joyeuses lécheront les grosses pierres des âtres.

De ces nouveaux chalets solidement établis sur les pentes, rayonnera une jeunesse ardente, élevée dans le grand vent des cimes.

J.-P. SABATOU (1942) – Nous de Jeunesse et Montagne, 1999

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