La réouverture prochaine du Cercle Psichari, pour la formation des chefs des Scouts de France, ainsi que l’ouverture d’une « Ecole » pour les Eclaireurs, attire une fois de plus l’attention sur la formation des chefs d’éclaireurs et de scouts, formation qui sera la garantie de la réussite ou de l’échec du scoutisme dans notre pays.
Un tract de propagande lancé par une de nos fédérations demande à chacun de venir s’unir aux Jeux scouts et de s’occuper des jeunes de chez nous. Il répond à l’avance aux objections que l’on posera :
Vous êtes trop âgés ? C’est justement pour cela que nous nous adressons à vous, dont l’expérience nous sera précieuse, c’est votre autorité d’aînés qui ont su persévérer qui vous donnera la confiance de vos scouts et celle de leurs familles.
Vous n’avez pas le temps ? Mais si, ne perdez-vous pas beaucoup d’heures, de minutes dans une semaine. Réfléchissez…
La responsabilité est trop lourde ? Avez-vous songé qu’un jour se lèvera où il faudra rendre compte des responsabilités que vous n’aurez pas prises ?
Vous n’êtes pas des surveillants ? Aussi n’est-ce pas à surveiller, mais à « conduire » des garçons que nous vous convions. En leur faisant connaître la merveilleuse vie de plein air, vous formerez leurs corps et guiderez leurs âmes.
Vous ne pourrez plus sortir avec votre famille, vos amis ? Vous aurez deux dimanches libres par mois…
Vous ne saurez pas ? « Techniquement… » Nous vous apprendrons, et ce n’est pas bien difficile ; « moralement », nous ne vous demandons que deux choses : la bonne volonté et l’exemple.
Vous n’êtes pas sportifs ? Le scoutisme n’est pas un sport nécessitant des efforts violents. Une santé moyenne suffit. Un camp ou une sortie dilate les poumons, délasse le corps et l’esprit. Le scoutisme garde jeunes, les chefs et leur conserve la santé et la gaîté.
Il faut évidemment un minimum de formation purement scoute et c’est pour cela qu’ont été créés les camps-écoles.
Copiés sur le modèle du camp-école des chefs anglais, installé de Londres à Gillwell-Park, et qui a formé plusieurs centaines de chefs scouts, venus de tous les pays, les deux camps-écoles français rivalisent chaque année d’activité et perfectionnent chaque jour leurs méthodes.
Le premier en date a été installé à Chamarande, en Seine-et-Oise. Il est ouvert aux chefs des Scouts de France et aux chefs des Scouts étrangers qui désirent bénéficier de son enseignement.
Le second est à Cappy, près de Verberie, dans l’Oise. Il est ouvert aux chefs des Eclaireurs de France et des Eclaireurs unionistes, ainsi qu’aux chefs des Associations étrangères.
Les dirigeants de ces camps possèdent les titres internationaux qui rendent l’enseignement de leur camp officiel vis-à-vis des fédérations scoutes des autres pays. Plusieurs centaines de jeunes de France passent tous les ans douze jours merveilleux à Cappy et à Chamarande.
Les sessions sont en effet de douze jours environ et le maximum des campeurs à chaque session est l’effectif d’une troupe de scouts, c’est-à-dire une trentaine.
C’est une période de joyeuses et fécondes vacances que passent là sous les ombrages de l’Ile-de-France et auprès des rivières et des bois ceux qui ont été attirés par le scoutisme et qui aiment la jeunesse.
Vie sous la tente, sports sagement dosés, session tranquille et enseignement théorique, applications pratiques, voyage individuel en campeur isolé pendant 24 heures dans les environs, jeux scouts éducatifs, cuisine faite en grande partie par les campeurs, feux de veillée le soir, etc…
Demandez à ceux qui sortent du camp-école leurs impressions, elles sont plus que satisfaisantes, elles sont débordantes d’enthousiasme.
Le Cercle Psichari, pour les Scouts de France, et d’autres formations de ce genre pour les Eclaireurs, tendent à préciser les enseignements des camps-écoles et à communiquer aux éducateurs d’une région, par le moyen du cercle d’études, les consignes des chefs du mouvement et les idées à lancer pour la plus grande efficience possible de la méthode scoute.
Si chaque garçon qui a compris le scoutisme en France voulait, de toute la force de son enthousiasme et de sa jeunesse, devenir un chef plus tard, l’avenir du scoutisme dans notre pays serait définitivement assuré et les plus beaux espoirs seraient permis.
Il faut qu’il en soit ainsi… — Loup Gris.
L’intransigeant – 27.12.1929
1929_12_27_L_Intransigeant_Plein Air - Former les chefs scouts