Les auberges de la jeunesse !
Un nom plein de promesses, évocateur de lumière et de joie, d’ardeur et d’amitié ! On devine la route libre à travers les monts et les bois, le long des rivières, sur les grèves chantantes, et à chaque étape, l’accueil cordial du Père et Mère aubergiste, la bonne ; soupe nourrissante et l’eau fraîche, et la fraternité née spontanément, parce que l’on est tous des jeunes et que l’on veut tous se libérer ensemble des entraves mauvaises du vieux monde. Elles sont déjà plus de quatre mille en Europe ! En 1907, Richard Schirrmann, un instituteur de Westphalie, installant dans sa classe pendant les vacances d’été des couchettes de paille fondait ainsi au Bourg d’Alténa la première Auberge de la jeunesse. Celle-ci s’est agrandie et Schirrmann y habite encore. Mais bientôt, de toutes parts, les unes modestes et discrètes, les autres somptueuses, soutenues par la ferveur d’une jeunesse enthousiaste, de nouvelles auberges surgissaient de partout, groupées dans des ligues nationales, unies entre elles dans une vaste organisation internationale que préside le Père de toutes les auberges de la jeunesse du monde. Merveilleuse réussite, fruit de la constante et souriante ; ténacité d’un homme de bonne volonté. En France, il n’y a pas encore cinq ans, nous faisions connaître le nom et l’idée des Auberges de la Jeunesse. Au Foyer de la Paix de Bierville, l’Épi d’Or, première auberge de chez nous, commençait à recevoir la foule de ses jeunes hôtes accourus de toutes les nations, de tous les horizons sociaux et religieux, et la Ligue Française pour les Auberges de la Jeunesse, soutenue par d’illustres sympathies, animée surtout par l’affection et l’activité des jeunes eux-mêmes, suscitait, à un rythme de ; plus en plus accéléré, de nouvelles créations d’auberges et prenait rang, à côté de ses sœurs, dans le grand mouvement international.
Marc Sangnier, Luxembourg, 28 juin 1935