Camarade, avant de fréquenter les Auberges de Jeunesse, il est bon que tu saches ce qu’elles sont.
L’Auberge de Jeunesse (l’A. J.) est une maison où tu trouveras, pour 4 francs, un lit, du feu, de l’eau, des ustensiles de cuisine.
Ce n’est pas un hôtel à bon marché.
Tu auras à préparer toi-même tes repas, fendre ton bois, puiser de l’eau, aller au ravitaillement. Tu laveras la vaisselle, tu feras ton lit, tu donneras un coup de balai afin que ceux qui viendront après tôt trouvent la maison propre et avenante.
Mais les Parents Aubergistes ?
Les P. A. ne sont ni des commerçants ni des domestiques. Ce sont des amis qui ont accepté de veiller sur l’Auberge afin d’en assurer la bonne tenue matérielle et morale.
Ne l’oublie pas, même quand par exception, ils iront aux corvées à ta place et te prépareront la soupe que tu es trop las pour cuire toi-même.
Dans les A. J. tu rencontreras des garçons et des filles, de toutes nationalités, de toutes opinions, de toutes croyances, de toutes conditions. Qui que tu sois, ils sont tes égaux, tes camarades et tu te dois de les traiter en frères et sœurs.
L’A. J. est une petite « république de jeune » où l’on observe une discipline librement consentie et où règne un esprit de franche et saine camaraderie. Les manifestations politiques ou religieuses y sont interdites ; elles ne pourraient qu’altérer la fraternité ajiste.
Tu devras respecter le règlement, sinon le P. A. te le rappellera et, en cas de manquement grave, pourra te retirer ta carte d’usager, en conséquence les portes de toutes les A. J. te seraient fermées. Cette règle est une garantie pour toi. Tu sais désormais que les indésirables sont exclus de nos rangs et que, chez nous, tu te trouveras en bonne compagnie.
Voilà notre Loi, Te convient-elle ? Alors sois des nôtres !
La Bourgogne républicaine, 10 août 1939