Il est possible de citer le premier des spéléologues (Edouard-Alfred Martel) ; de multiples récits égrènent la généalogie vertigineuse des grands noms de l’alpinisme naissant ; chacun peut établir un palmarès olympique des premiers athlètes marcheurs à la Belle Epoque… Mais qui fut le premier des randonneurs ? Méprisés et rejetés par les alpinistes, mais aussi par les tenants de la marche sportive qui se développe spectaculairement à la fin du xixe siècle, au point de devenir, en France, le sport le plus populaire avec le cyclisme, les marcheurs, peu à peu et irrésistiblement, tentent de s’émanciper. Les « buveurs d’air » font corps de doctrine autrement.
Ils choisissent pour emblème le chemin, et se donnent pour mission de le tracer, de le baliser, de l’entretenir, de le commenter en guide. Délaissant la conquête des sommets, renonçant à l’exploit chronométré, la randonnée conquiert une autre histoire, qu’elle fait sienne en s’adjugeant un certain nombre de hauts lieux.
de Baecque Antoine, « 5. Invention et extension du domaine de la randonnée », dans : , Une histoire de la marche. sous la direction de de Baecque Antoine. Paris, Éditions Perrin, « Synthèses Historiques », 2016, p. 193-244. URL : https://www.cairn.info/une-histoire-de-la-marche–9782262066369-page-193.htm