Editeur allemand, qui a fondé sa maison en 1896, Eugen Diederichs se voulait un « réformateur de la vie » (Lebensreformer).
Tout à la fois pragmatique et romantique, ses intentions étaient de briser l’ennui, la positivité matérialiste, l’étroitesse des esprits, qui pesaient comme une chape de plomb sur les dernières années du XIXe siècle et les premières du XXème. Diederichs a perçu, longtemps à l’avance, que ce positivisme sans élan conduirait à de dangereuses impasses. Avec son regard synoptique, il a mis tous les moyens de sa maison d’édition en œuvre pour promouvoir pensées, sentiments et démarches cherchant à sortir de cet enlisement. Diederichs a ainsi rassemblé, dans les collections qu’il publiait, les auteurs réhabilitant le corps (et la « corporéité »), les adeptes du mouvement des cités-jardins en architecture, les réformateurs de la pédagogie qui avaient beaucoup de peine à faire passer leurs suggestions, les pionniers du mouvement de jeunesse, etc. L’objectif de Diederichs était de donner la parole à tous ceux qui se faisaient l’écho des oeuvres de « maîtres à penser » incontestés comme Ruskin, Tolstoï, Herder, Fichte et Schiller. Le noyau rénovateur, dynamique et « énergisant » de leur pensée ou de leurs démarches avait été progressivement refoulé hors de la culture dominante, statique et rigidifiée, pour s’exprimer dans des sub-cultures marginalisées ou dans des cénacles tâtonnants, critiques à l’endroit des piliers porteurs de la civilisation occidentale, positiviste et matérialiste. Outre l’art, la voie de l’artiste, trois voies s’offraient, selon Diederichs, à ceux qui voulaient sortir des enfermements positivistes : une rénovation de la tradition idéaliste, un néo-romantisme, une nouvelle mystique.
Esthétique et énergie chez Schiller
Deuxième écueil à éviter dans toute démarche anti-positiviste : le repli sur des dogmes étroits, sur des manies stériles coupées de tout, sur des réductionnismes incapacitants, qui empêchent l’émergence d’une nouvelle culture, dynamique, énergique et plurielle, ouverte sur tous les faits de monde. Dogmatisme et rénovation, dogmatisme et vie, sont en effet incompatibles ; Diederichs n’a jamais cessé de vouloir mettre cette incompatibilité en exergue, de la clouer au pilori, de montrer à quelles envolées fécondes elle coupait les ailes. Le projet à long terme de Diederichs a été clairement esquissé lors de la célébration du 100e anniversaire de la mort du poète Schiller, le 9 mai 1905. Poète et penseur du classicisme allemand, Schiller avait aussi mis l’accent sur l’esthétique et l’art, éléments indispensables dans une Cité harmonieuse. Celle-ci ne devait pas exclusivement mobiliser les ressorts de la politique, ou se préoccuper uniquement d’élections et de représentation, mais insuffler en permanence une esthétique, ciment de sa propre durée et de sa propre continuité. Schiller parie sur l’éducation de la personne et sur le culte de la beauté, afin d’avoir des citoyens « harmonieux et éthiques » (harmonisch-sittlich), portés par une « liberté intérieure », autant d’individualités créatrices capables de donner forme à l’histoire.
Comment réaliser l’idéal schillerien du citoyen dans l’Allemagne wilhelminienne, où l’éducation n’oriente nullement les élèves vers l’esthétique, la liberté intérieure ou l’harmonie créatrice ? Diederichs, attentif à tout ce qui se passait dans sa ville d’Iéna, découvre en 1908, un groupe d’étudiants rebelles à la positivité pédagogique de la Belle Époque. Cette « Jenaer Freie Studentenschaft » s’était créée en mai 1908 ; un mois plus tard, Diederichs invite ces jeunes gens et filles à participer à une fête solsticiale qu’il finance et organise sur le Hoher Leeden, une hauteur proche de la ville. C’est ainsi que naît le « Cercle Sera ». L’objectif est une réforme anti-autoritaire et anti-positiviste de la pédagogie, de l’éducation, de la vie en général. La volonté des participants et adeptes de ce mouvement culturel étudiant est de forger un style nouveau, qui évitera l’écueil des encroûtements (stilbildend). Mais pour rendre une telle démarche possible, il faut sortir l’étudiant et l’intellectuel de leur tour d’ivoire, restaurer une socialité culturelle et festive, où l’on rit, chante, s’amuse et échange des idées. Diederichs a plusieurs modèles en tête quand il envisage la restauration de cette socialité intellectuelle et festive : 1) le panthéisme et le mysticisme de la bohème poétique berlinoise (le « Friedrichshagener Kreis) » ; 2) les cercles culturels de la Renaissance italienne (dont il a appris l’existence par le livre de Jacob Burckhardt Kultur der Renaissance in Italien) ; 3) l’accent mis par Nietzsche sur le dionysiaque et sur les chœurs bachiques en Grèce ; 4) les traditions allemandes médiévales des danseurs de la Saint-Jean et de la Saint-Guy (Sankt-Johann- und Sankt-Veittänzer) ; 5) l’esprit des maîtres chanteurs de Hans Sachs. Cette culture dionysiaque de l’expression et de l’effervescence permet d’expérimenter la communitas sacrée, de transcender des normes qui, si elles n’étaient jamais transcendées, deviendraient très vite les étouffoirs de la créativité. En effet, la créativité artistique n’est nullement la répétition rituelle des mêmes gestes conventionnels.
Pour une pédagogie nouvelle
Raison pour laquelle les fêtes solsticiales du Cercle Sera n’ont jamais été pareilles ni répétitives : Diederichs voulait qu’elles soient chaque fois l’occasion d’injecter dans les esprits de nouvelles idées ou de nouvelles formes. Ainsi la chanteuse norvégienne Bokken Lasson, innovatrice dans son art, participe en 1905 au solstice de la Lobedaburg. En 1906, des groupes de danseurs suédois présentent leurs danses traditionnelles mais réactualisées. En 1907, les jeunes de Iéna présentent de nouvelles danses de leur composition, inspirées des Minnelieder médiévaux. Chaque fête de mai ou du 21 juin est l’occasion de découvrir une facette de la littérature ou de la pensée panthéiste européenne (François d’Assise, Spiele de Hans Sachs, poésies d’Eichendorff ou de Goethe), mais sous des formes toujours actualisées.
A partir de 1908, l’idéal schillerien, théorisé depuis mai 1905, prend corps et se double de la volonté de promouvoir en Allemagne une pédagogie nouvelle, basée sur la notion d’énergie théorisée par Schiller, sur l’élan vital bergsonien, sur le dionysiaque chanté par Nietzsche, etc.
Deux mouvements alimentent en effectifs et en inspirations le Cercle Sera : 1) Les étudiants dissidents de l’Université de Leipzig qui se nommaient les Finken (« les pinsons ») ou les Wilden (« les sauvages ») ou encore, plus simplement, les Freie Studenten (Les libres étudiants), dégagés des structures rigides de l’université conventionnelle. 2) Les jeunes du mouvement de jeunesse Wandervogel.
Le Cercle Sera recrute une élite étudiante et lycéenne, très cultivée, adepte de la mixité (un scandale pour l’époque !), à la recherche de nouvelles formes de vie et d’une éthique nouvelle. Pour Diederichs, ce groupe « semble enfin réaliser les objectifs sur lesquels l’ancienne génération avait écrit et dont elle avait parlé, mais dont elle espérait l’advenance dans un très lointain avenir ». Désormais, à la suite des fêtes solsticiales et sous l’influence des randonnées des Wandervögel, le groupe pratique les Vagantenfahrten, les randonnées des Vagantes, c’est-à-dire les « escholiers pérégrinants » du Moyen Âge. On se fait tailler des costumes nouveaux aux couleurs vives, inspirés de cette tradition médiévale. Diederichs espère que cette petite phalange de jeunes, garçons et filles, cultivés et non conformistes va entraîner dans son sillage les masses allemandes et les tirer hors de leurs torpeurs et de leurs misères. Il a conscience de forger une « aristocratie de l’esprit » qui sera un « correctif culturel » visant à transformer les principes politiques dominants, à insuffler le sens schillerien de l’énergie et l’élan vital de Bergson dans la pratique quotidienne de la politique. Mais Diederichs est déçu, après une fête qu’il avait organisée le 7 juin 1913, avec beaucoup d’artistes et d’acteurs : trop de participants s’étaient comportés comme des spectateurs, alors que, se plaignait Diederichs, dans une vraie fête traditionnelle ou hellénique-dionysiaque, il n’y a jamais de spectateurs, mais seulement des participants actifs. Diederichs constatait, non sans amertume, que la fête traditionnelle ne semblait pas pouvoir être restaurée, que la modernité avait définitivement cassé quelque chose en l’homme, en l’occurrence la joie spontanée et créatrice, le sens de la fête.
De toute l’aventure du Cercle Sera, où se sont rencontrés les philosophes Hans Freyer et Rudolf Carnap, émergeront principalement les méthodes pédagogiques d’enseignement aux adultes, avec Alexander Schwab, Walter Fränzel, Hildegard Felisch-Schwab (pédagogie spéciale des orphelins), Elisabeth Czapski-Flitner, Helene Czapski, Hedda Gagliardi-Korsch.
Les hérétiques sont les seuls esprits créateurs
Sur le plan religieux, Diederichs se considérait personnellement comme un grand réformateur, plus exactement comme « l’organisateur du mouvement religieux extra-confessionnel ». Il accusait les théologiens du pouvoir, de l’université et des églises officielles d’avoir bureaucratisé la foi, d’avoir enfoui la flamme de la religion sous les cendres du dogmatisme, des intrigues et du calcul politicien. La religion vivante des traditions et de nos ancêtres s’est muée en « histoire morte », a été déchiquetée par le scalpel d’un rationalisme sec et infécond. La démarche de Diederichs était dès lors de « revenir aux racines de notre force (la religion, la foi) la plus profonde ». Le protestantisme, d’où Diederichs est pourtant issu, est grandement responsable, disait-il, de cette crise et de cette catastrophe : il a donné la priorité au discours (le prêche et les commentaires des écritures) plutôt qu’au culte (festif et communautaire), plutôt qu’aux sentiments, à la sensualité ou à l’émotion. Le réel homo religiosus du début du XXe siècle doit avoir la volonté de rebrousser chemin, de retourner à la foi vive, de tourner le dos à la religion étatisée, au cléricalisme et à l’académisme. Dans cette optique, Diederichs ouvrira les portes de sa maison d’édition à tous ceux que les dogmatiques avaient marginalisés, aux non-conformistes et aux innovateurs qui « osent saisir le religieux de manière explorante et expérimentale ». A plus d’une reprise, il déclare : « Les hérétiques sont les esprits créateurs par excellence dans l’histoire des religions ». Et il citait aussi souvent une phrase de Jakob Grimm : « Savez-vous où Maître Eckehart me touche le plus ? […] Là où il sort de l’étroitesse de la religion pour passer à l’hérésie ». En 1901, le théologien totalement hérétique Arthur Bonus (cf. infra), un des auteurs favoris de Diederichs, résumait clairement leur optiques : « Les autorités sont là pour être combattues ».
Pour répondre au rationalisme de la théologie officielle et au dogmatisme, Diederichs préconise de faire appel à des modes de pensée holistes, vitalistes et existentialistes. C’est le noyau vital des religions qu’il faut saisir, même au prix d’associations étonnantes, de comparaisons audacieuses, où Zarathoustra va voisiner le Christ, Goethe va se retrouver mêlé à Nieztsche, tout comme Marx à Wagner. Des multiples traditions panthéistes, les auteurs de la maison d’édition de Diederichs vont extraire des motifs et des démarches conceptuelles pour façonner un Dieu qui est tantôt source créatrice de tous les phénomènes de la Vie, tantôt « puissance d’ascension déclenchant une créativité absolue ». Toutes les visions de Dieu chez les auteurs de Diederichs impliquaient un Dieu dynamique, décideur, actif, créatif et animé d’une forte volonté d’action.
Une religion qui dynamise les volontés
En effet, par le terme « religion », Diederichs n’entendait pas une attitude contemplative, purement intériorisée : son interprétation du phénomène religieux était vitaliste et dynamique, portée par une forte volonté de mener une action dans et sur le monde. Certes, fasciné par la tradition mystique allemande, il n’excluait par l’introspection religieuse, l’importance de l’intériorité et des forces qui y sont tapies, la découverte par la réflexion des profondeurs de la subjectivité, mais ce mouvement de l’esprit vers l’intériorité visait la libération de forces insoupçonnées pour parfaire une action correctrice, esthétisante ou éthique dans le réel extérieur. La religion permet à l’homme d’accroître sa volonté individuelle pour la vie, de rassembler des potentialités pour arraisonner le monde. Dans une brochure commentant ses collections, Diederichs écrivait en 1902 : « Une culture religieuse n’est pas tellement dépendante de sa conception de la vie dans l’au-delà […] Elle veut plutôt réaliser le telos de cette Terre, qui est de créer dans l’en-deça des individualités de plus en plus fines dans un Règne dominé par l’esprit. Les pures spéculations d’idées sur Dieu, l’immortalité […] et autres doctrines de l’Église cèdent le pas, ne sont plus considérées comme essentielles, et font place à la Vie religieuse, qui correspond aux lois du Cosmos et aux lois de la croissance organique ; la religion ne peut dès lors plus être reconnue qu’à ses fruits ». En 1903, Diederichs écrit au Pasteur Theodor Christlieb qu’il voulait, avec ses livres, « promouvoir une religion sans regard vers le passé, mais dirigée vers l’avenir ». Pour désigner cette religion « futuriste », Diederichs parlait de « religion du présent », « religion de la volonté », « religion de l’action », « religion de la personnalité ». Avec le théologien protestant en rupture de banc Friedrich Gogarten (« théologien de la crise », « théologien dialectique »), Diederichs évoquait « une religion du oui à la Vie, bref, une religion qui dynamise les volontés ».
Action et création
La religion (au sens où l’entendaient Diederichs et ses auteurs), la « théosophie » (terme que Diederichs abandonnera assez vite) et le néo-romantisme visent « une saisie immédiate de la totalité de la vie », afin de dépasser les attitudes trop résignées et trop sceptiques, qui empêchent de façonner l’existence et affaiblissent les volontés. « Plus de savoir mort, mais c’est l’art qui devrait transformer l’âme et les sentiments des hommes et les conduire à l’action pratique » (on reconnaît là le thème schillerien récurrent dans la démarche de Diederichs). Parmi les auteurs qui allaient expliciter et répandre cette vision holiste de la vie, Arthur Bonus, autre théologien protestant en rupture de banc, sera certainement le plus emblématique. Dans Religion als Schöpfung (1902 ; La « religion comme création »), Bonus présente la religion comme une « conduite de la vie », où l’homme se plonge dans la vectorialité réelle du monde, qu’il a d’abord saisie par intuition ; il entre ainsi en contact avec la puissance divine créatrice du monde et, fortifié par ce contact, se porte en avant dans le monde sous l’impulsion de ses propres actions. Dans ce sens, la religion est une attitude virile et formatrice, elle est pures action et création. Les églises, au contraire, n’avaient eu de cesse de freiner cette activité créatrice forte, de jeter un soupçon sur les âmes fortes en exaltant la faiblesse et la mièvrerie des âmes transies, incapables de donner du neuf à la vie. Mais Bonus, théologien bien écolé, ne réduit pas son apologie de la vie à un naturalisme voire à certaines tendances maladroites du panthéisme qui dévalorisent comme les églises mais au nom d’autres philosophades l’action de l’homme créateur et énergique, sous prétexte qu’elle serait une dérive inhabituelle et pour cela non fondamentale ou éphémère de la matière ou d’un fond-de-monde posé une fois pour toute comme stable, immuable. Bonus réclame l’avènement d’une religion qui ne refuserait plus le monde et son devenir perpétuel, mais pousserait les hommes à participer à son façonnage, à agir avec passion pour transformer les simples faits objectifs en principes spirituels supérieurs. Telle est la « germanisation du christianisme » qu’il appelle de ses vœux. Bonus, bien qu’argumentant en dehors des sentiers battus de la théologie protestante, a suscité avec ses thèses bien des émois positifs chez ses pairs.Autre livre qui fit sensation dans le catalogue de Diederichs : l’essai Rhytmus, Religion, Persönlichkeit (Rythme, religion, personnalité) de Karl König. Dans la ligne de Bonus, la pensée religieuse de König se résume à ces quelques questions : « Entends-tu dans tout le chaos du présent le rythme secret de la vie ? Laisse pénétrer ce rythme dans la profondeur de ton âme. Laisse Dieu travailler ta personne, pour qu’il la modèle et la façonne en toi. Ce n’est que là où l’on trouve un centre de force dans la vie spirituelle et personnelle que quelque chose peut se construire et se développer, qui donnera de la valeur à la vie ».
L’objectif de Diederichs, en publiant quelques ouvrages paganisants, plus ceux des théologiens qui abjuraient une foi devenue sans relief, sans oublier les grands textes des traditions européennes (surtout mystiques), chinoises, indiennes etc., était d’opposer à la « phalange du logos » (les néo-kantiens, les phénoménologues et les positivistes logiques), la « phalange des défenseurs de la vie ».
Analyse : Meike G. WERNER, Bürger im Mittelpunkt der Welt, in Der Kulturverleger Eugen Diederichs und seine Anfänge in Jena 1904-1914. Katalogbuch zur Ausstellung im Romantikerhaus Jena 15. September bis 8. Dezember 1996, Diederichs, München, 1996, 104 p. (nombreuses ill., chronologie), ISBN 3-424-01342-0.
– Meike G. WERNER, Die Erneuerung des Lebens durch ästhetische Praxis. Lebensreform, Jugend und Festkultur im Eugen Diederichs Verlag
– Friedrich Wilhelm GRAF, Das Laboratorium der religiösen Moderne. Zur « Verlagsreligion » des Eugen Diederichs Verlags
tous deux in : Gangolf HÜBINGER, Versammlungsort moderner Geister. Der Eugen Diederichs Verlag — Aufbruch ins Jahrhundert der Extreme, Diederichs, München, 1996, 533 p., ISBN 3-424-01260-2.
– Rainer FLASCHE, Vom Deutschen Kaiserreich zum Dritten Reich. Nationalreligiöse Bewegungen in der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts in Deutschland ; in : Zeitschrift für Religionswissenschaft, 2/93, pp. 28-49, Diagonal-Verlag, Marburg, ISSN 0943-8610.
Robert STEUCKERS
Publié aussi dans:
- SYNERGIES EUROPÉENNES / VOULOIR juillet 1998
- Wandervögel : Révolte contre l’esprit bourgeois – Editions ACE – 2001
- Le Blog de Robert Steuckers