Au point de vue mécanique, le seul fait de marcher déclenche en nous certaine possibilité. « L’homme est un animal qui marche ». La marche crée l’équilibre, fait travailler modérément les muscles. Tout le corps travaille.
La marche est à la mesure de l’homme. On a le temps, en marchant, de goûter le paysage, de s’intéresser à tout ce qui nous environne. A bicyclette, c’est plus difficile. En voiture ou en chemin de fer, cela devient impossible.
La marche est un instrument de connaissance.
Si tu es seul, la marche t’incline à la méditation. Tes réflexions vont, équilibrées, à la cadence de ton pas. Petits dialogues intérieurs. Approfondissement des choses, des êtres ; connaissance de toi-même. Dans la marche, tu peux goûter à la poésie des choses, un grand nombre d’artistes créent en marchant et n’ont plus qu’à rédiger, exprimer matériellement le fruit de leur méditation.
Si tu n’es pas seul, la marche est un magnifique instrument de vie communautaire.
Peu de gens savent voyager. Pour goûter le voyage, il est nécessaire d’avoir une mentalité dépouillée de tous les fatras de conceptions factices ; faux exotisme, fausse conception de la campagne, du paysan, etc. ; goût d’abattre des bornes, de passer par les routes ou sentiers rebattus, de visiter les coins touristiques indiqués sur les guides, etc…
On doit, au contraire, être en état de pleine réceptivité. Préparation de l’itinéraire. Savoir ce qu’on va chercher (mais ignorer ce que l’on va trouver). Ne Pas chercher seulement à contrôler le récit d’un camarade sur telle contrée. Chercher à la connaître personnellement.
Ainsi compris, le voyage est une source inépuisable d’enrichissement mettant en jeu toutes les facultés, notamment : vivacité d’esprit, sens psychologique, esprit d’initiative, de décision, sens artistique, et toutes les capacités plus prosaïques, comme sens de l’orientation, esprit d’organisation, etc…
Le voyage élargit le sens communautaire te permettant de connaître, donc de comprendre et d’aimer les familles sociales différentes des tiennes. Le voyage à l’étranger te permet de donner aux mots nation, continent, leur véritable sens : une communauté d’hommes, donc une simple différence de mœurs, ne doit pas te séparer haineusement.
Pense, enfin, que dans la mesure où tu vis plus près de la nature, tu accomplis ta mission d’homme.
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« Royaume candide, précaire, éternel, ô neige ! Tu vois tes fidèles quitter l’hôtel au petit jour, à l’heure où l’aube rapide laisse dormir le pied violacé des monts, mais découpe leurs fronts comme dans un métal orangé, dur, incandescent, qui taillade l’azur. Ils partent, leurs longues ailes de bois effilé, liées sur une épaule, et le double
bâton dans la main. Ils sont sages et graves comme s’ils avaient dix ans. Ils ont choisi la veille le but du lendemain : la corne d’une montagne ou bien un chalet perdu sous son auvent fourré de neige. Ici ou là, pourvu que ce soit au prix d’un effort régulier, pourvu qu’ils atteignent un moment d’exaltation mentale et corporelle, pourvu que, debout quelque part, très haut, contre le noir azur qui pèse sur les cimes, contraints d’ouvrir leurs bras et leur cœur pour étreindre leur éden, ils touchent à une félicité qu’ils ne raconteront pas ».
COLETTE. Par la route, février 1951
Sur les Auberges de la Jeunesse: Marc Sangnier
La marche est aussi l’évasion pédestre en partant de ses habitudes de tous les jours.
La grande randonnée, l’itinerance sac au dos, le trekking en montagne sur les sentiers de grande randonnée ou en suivant les chemins de pèlerinage comme Saint Jacques de Compostelle.
Un choix de vie peut différent d’un GR ou le pèlerinage.
Bonnes vacances et randos à tous.
Jean Pierre.