Tout le monde s’accorde à reconnaître qu’un grand effort national pour le redressement de notre pays est devenu nécessaire.
Cet effort doit se poursuivre dans tous les domaines et vivifier simultanément chacun des départements de l’activité française : industrie, commerce, finances, colonies, administration, politique, enseignement, relations étrangères…, mais sa base même et son pivot, c’est l’éducation des jeunes générations qui prendront en mains, dans un proche avenir, les affaires publiques.
Les perfectionnements individuels sont la condition de tous les perfectionnements sociaux.
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Le scoutisme veut travailler à la rénovation nationale, mais il croit que cette rénovation ne peut se faire que par le perfectionnement des individus.
Ce ne sont pas les lois qui font les mœurs, mais les mœurs qui font les lois.
Cultiver les caractères, affiner les consciences, développer l’esprit civique et le sens social, faire des hommes robustes et forts, et en même temps généreux, aider chaque garçon à dégager sa personnalité, à exercer ses talents, à fortifier sa propre volonté, telle est la tâche au Mouvement des Eclaireurs. C’est au premier chef une affaire d’éducation individuelle.
Le Scoutisme n’est pas un Mouvement de masse, et il ne vise pas à s’imposer par de gros effectifs ou par une’ action tapageuse tout extérieure.
Il cherche à exercer une action profonde et réellement efficace sur les garçon qu’il enrôle ; il préféré, aux manifestations en quantité, une influence en qualité, n ne fait pas de l’éducation en série, mais là la pièce.
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Le meilleur moyen de perfectionner l’homme, c’est de se saisir de lui alors qu’il n’est encore qu’un enfant.
Le Scoutisme veut lutter contre l’effroyable danger social que constitue le nombre croissant des jeunes hommes mal orientés dans la vie ou complétement dévoyés — ceux qu’on « a appelés “l’armée des inadaptés”. Il estime qu’il est plus sûr et plus économique de prévenir que de guérir.
Les jeunes garçons de France sont pleins de vitalité et d’énergies, mais souvent ils ne savent pas à quoi utiliser ces énergies, et ces énergies inemployées risquent de devenir dangereuses. Il faut les canaliser et les diriger vers des buts utiles tant qu’elles sont encore disponibles.
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Les jeunes garçons qui nous entourent sont très différents des adultes.
Ils ont des goûts marqués pour des choses “enfantines” que nous avons aimées, mais que nous n’apprécions plus parce qu’elles ne sont plus de notre âge. (Hélas ! On vieillit si vite !).
Pour réussir en éducation, il faut avant tout s’adapter. Langage, attitude, occupations, costume, allure, tout doit être déterminé par cette volonté de se mettre à la portée du garçon et de se faire bien comprendre de lui.
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Il faut chercher dans la vie simple le remède de la vie compliquée et au déséquilibre psychique que crée la surcivilisation.
Dans ces méthodes, le Mouvement des Eclaireurs met au premier plan le camping.
Quinze jours ou trois semaines sous la tente, en pleine campagne, avec beaucoup d’air pur et de soleil, beaucoup d’eau pour se laver, c’est, pour de jeunes adolescents, une vraie cure, aussi bien morale que physique.
Dans l’atmosphère saine de la pleine nature, le jeune garçon n’a pas de peine à se désintoxiquer des habitudes artificielles et déprimantes qu’il acquiert dans la masse, par esprit d’imitation.
La vie rude qu’il y mène le fortifie, et lui révèle que l’on peut fort bien se passer de tabac et d’alcool — et cette expérience personnelle est plus efficace que beaucoup de conférences I
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Le Scoutisme constitue une grande confrérie mondiale de plus de deux millions de jeunes garçons de toutes les races.
C’est en cela qu’il travaille efficacement à rétablissement et à la consolidation de la paix.
Chaque éclaireur promet sur l’honneur de servir sa patrie, car le Mouvement Scout ne croit pas qu’il sortirait rien de bon de la suppression des patries.
Mais chaque éclaireur a pour règle d’être “le frère de tous les autres éclaireurs”, car le Scoutisme croit que l’union des patries n’est pas un rêve inaccessible.
Pour collaborer à cette grande Oeuvre de compréhension fraternelle, le Mouvement met, le plus souvent possible des éclaireurs de tous pays, en contact les une et les autres, soit par des camps de vacances, soit par correspondance.
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Le Mouvement des Eclaireurs veut grouper fraternellement des garçons de tous pays, de toutes conditions sociales et de toutes religions, non pas en tentant l’impossible gageure de les rendre tous identiques, mais en demandant, au contraire, à chacun d’eux, de conserver et d’approfondir sec convictions particulières.
En France, pour que tout garçon puisse être éclaireur et pour que le Scoutisme puisse s’adapter à tous les milieux, il y a des troupes d’éclaireurs à base religieuse et des troupes neutres.
Les Eclaireurs de France, respectueux de toutes les convictions, placent leur action sur le même terrain que l’Université et laissent à leurs membres toute liberté à ce sujet. (Siège : 8, rue Bossuet, à Paris). (Fédération reconnue d’utilité Publique).
Le Mouvement des Eclaireurs Unionistes de France a été lancé et est dirigé par des éducateurs protestants et son programme d’action est tout entier inspiré par l’Evangile, mais c’est une association non confessionnelle, laissant à chacun des jeunes garçons qu’on lui confie la liberté de ces convictions particulières (Siège : 94, rue Saint — Lazare, à Paris). (Fédération reconnue d’utilité Publique).
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Les Scouts de France, Association nationale, reconnue d’utilité Publique, ouvrent leurs rangs aux jeunes catholiques français désireux de faire du Scoutisme.
Le Scoutisme féminin comprend deux grands groupements :
La Fédération Française des Eclaireuses, qui est formée de sections à ambiance religieuse et de sections à ambiance laïque, et cent le siège est 10, rue de Hévigné, à Paris.
Les Guides de France, Association nationale, ouvrent leurs rangs aux jeunes filles catholiques françaises désireuses de faire du Scoutisme.
ANDRE REVAL. Scoutisme, juin 1931