La haute route d’hiver des Pyrénées centrales
Un raid à ski, d’Urdos à Luchon, à travers les Pyrénées centrales pose de sérieux problèmes d’habitats dans l’état actuel de l’équipement touristique de la haute montagne pyrénéenne. C’est pour mettre en lumière les lacunes de cet équipement, en même temps que pour ébaucher le tracé d’un itinéraire de ski comparable à celui qui relie dans les Alpes Saint-Etienne-de-Tinés à Chamonix, que « Jeunesse et Montagne » a organisé le raid Urdos-Luchon. En outre, cette entreprise devait mettre à l’épreuve l’instruction alpine et l’entraînement sportif des jeunes volontaires du Groupement « Pyrénées ». Elle devait, enfin, nous montrer si ces jeunes avaient acquis les qualités morales de volonté et d’énergie qu’ils étaient venus puiser à la rude école de la Montagne. Dix-neuf jeunes et un Chef d’Equipe prirent le départ sous la direction de l’instructeur François Boyrie et de l’instructeur chef du Groupement Pyrénéen Robert Ollivier. Sur ce nombre les instructeurs conduisirent à Luchon quinze jeunes et leur Chef d’Equipe. Les autres avaient été accidentés légèrement (foulures de chevilles ou torsion de genoux).
18 février – Première étape
Urdos-Gabas, par les cols de Lary et d’Ayous.
Cette première étape comporte la traversée de la vallée d’Aspe à la vallée d’Ossau. En amont d’Urdos, trois passages relient les deux vallées :
1° Le col des Moines (2204 m.) ; qui fut le plus fréquenté avant la guerre espagnole.
2° Le col de Bielle (2240 m.), peu utilisé par les skieurs.
3° La Hourquette de Lary (2160 m.) et le col d’Ayous (2200 m.). Le col d’Ayous ménage un lever de rideau sensationnel sur le pic du Midi d’Ossau.
Ce troisième itinéraire fut adopté.
La Hourquette de Lary fait communiquer le vallon de Lary avec la Baigt de Saint-Cours, tributaire de la vallée d’Aspe et débouchant à Etsaut. Le col d’Ayous fait communiquer la Baigt de Saint-Cours avec les lacs d’Ayous, Bious et Bious-Artigues.
Horaire de la caravane :
Urdos (760 m.) : 11h25
Col d’Ayous (2200 m.) : 16h15
Gabas (1122 m.) : 18h10
19 février – Deuxième étape
Gabas-Arrens, par le col de Taouseilla (2404 m.).
De Gabas à Cauterets, on ne trouve ni village, ni refuge habitable l’hiver : les bâtiments du lac d’Artouste ne sont pas ouverts au public. Il est donc nécessaire de faire un crochet accentué vers la basse montagne et le village d’Arrens, situé à l’entrée d’une grande vallée transversale, mais déserte : Azun.
De Gabas, deux itinéraires permettent de gagner le col de Taouseilla qui fait communiquer la vallée d’Ossau avec la vallée d’Azun :
1° Franchir le col de la Sagette (1950 m.) et redescendre dans la vallée secondaire du Soussouéou, dont le confluent avec la vallée d’Ossau est situé en aval de Gabas.
2° Remonter la vallée du Soussouéou depuis son confluent en passant par la sauvage forêt d’Herrana.
Nous sommes passés par la forêt d’Herrana. Nous en concluons qu’elle n’est guère skiable, même à la montée et qu’il est préférable d’adopter le premier itinéraire, celui du col de la Sagette. D’ailleurs un téléférique permet d’y monter sans peine depuis Gabas.
Horaire :
Gabas (1125 m.) : 7h
Pont du Hourc (825 m.) : 7h30-8h
Plaine de Soussouéou (1410 m.) : 12h-13h30
Col de Taouseilla (2404 m.) : 16h30-16h45
Vallée d’Azun (1264 m.) : 17h45-18h05
Arrens (887 m.) : 18h30
20 février – Troisième étape
Arrens-Cauterets.
L’itinéraire emprunte le petit col de Bordères (1140 m.) qui fait communiquer Arrens avec Estaing et le lac d’Estaing, en suite le col d’Ilhéou qui permet de passer du lac d’Estaing à Cauterets.
Du col d’Ilhéou, au lieu de descendre directement par l’étroit vallon encombré d’avalanches, où s’écoulent les eaux du lac Bleu, une marche de flanc à peu près horizontale, vers la gauche, sur des pentes assez raides par endroits, permet d’atteindre l’origine du vallon du Lys. Là ondulent des terrains admirables pour le ski et la descente est splendide jusqu’au Cambasque.
Horaire :
Arrens (887 m.) : 7h25
Col de Bordères (1140 m.) : 8h25
Estaing (1005 m.) : 9h-9h30
Lac d’Estaing (1264 m.) : 10h20-11h
Vallée du Lys : 15h15
Cauterets (992 m.) : 16h45
21 février – Repos à Cauterets
22 février – Quatrième étape
Cauterets-Gèdre, par le col de Culaous.
Itinéraire : Vallée de Lutour, refuge Russell, col de Culaous, lac d’Antarouge. Là commence un passage qui peut devenir scabreux par certaines conditions : le ressaut du Bué, haut de 500 m., raide et coupé de barres rocheuses. Il est exposé en plein sud, ce qui est plutôt une garantie de sécurité quand il fait beau depuis quelques jours, mais qui interdit par contre le passage après une chute de neige fraîche.
Horaire :
Cauterets (992 m.) : 7h05
Refuge Russell (2010 m.) : 11h
Col de Culaous (2670 m.) : 12h30
Granges du Bué (1640 m.) : 14h-15h20
Route de Gavarnie (980 m.) : 16h15
Gèdre (1011 m.) : 16h45
23 février – Cinquième étape
Gèdre-Fabian, par le Port de Campbieilh (2595 m.).
Cet itinéraire permet de passer directement de la vallée de Gavarnie à la vallée d’Aure.
Horaire :
Gèdre (1011 m.) : 7h
Port de Campbieilh (2595 m.) : 11h45-12h15
Vallon de Badet : 13h-14h
Fabian (1148 m.) : 17h
24 février – Sixième étape
Fabian-Loudenvieille, par le Col d’Azet.
Ici, l’itinéraire quitte la haute montagne et, par Saint-Lary, Azet et le col d’Azet (1681 m.), gagne Loudenvieille, dans la vallée de Louron.
Horaire :
Fabian (1142 m.) : 8h15
Azet (1172 m.) : 11h30-13h
Col d’Azet (1681 m.) : 14h
Loudenvieille (960 m.) : 15h
25 février – Septième étape
Loudenvieille-Luchon.
De Loudenvieille, on peut passer facilement à Luchon par le port de Peyresourde, on traverse des terrains de ski magnifiques et on profite d’une très belle descente sur Gouaux de Larboust.
Horaire :
Loudenvieille (960 m.) : 7h45
Mont Ségut (2246 m.) : 11h30
Gouaux (1120 m.) : 13h-15h15
Luchon (650 m.) : 17h
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L’itinéraire de ce raid Urdos-Luchon peut être considéré comme une haute route d’hiver des Pyrénées centrales. La haute route de printemps devra, bien entendu, être recherchée plus près de la frontière et même, assez souvent, sur le versant espagnol.
Robert OLLIVIER. Bulletin pyrénéen, 141 – n°237
Credit photo: Collection R. Ollivier